Nous sommes partis à deux, mais heureusement, nous ne sommes pas seuls.
Il y a à bord quelques fidèles acolytes, plus ou moins silencieux et discrets, qui, heure par heure, jour par jour, font leur petite besogne et nous facilitent cette dure vie de navigateur plaisancier qui est la nôtre...
Il y a d'abord Carmen Cru, l'alternateur posé sur l'arbre d'hélice qui alimente les batteries lorsque le bateau navigue à la voile, et que l'hélice du moteur tourne librement sous l'action de la vitesse du bateau. C'est son bruit caractéristique de vieux vélo rouillé qui lui a valu son nom, en hommage à la vraie. Carmen n'aime pas l'eau, et il a fallu écoper plusieurs fois la cale moteur, avant de bien étanchéifier la soute à eau pour qu'elle reste au sec. Mais quelle efficacité ! Cinq ou six ampères à cinq nœuds, et nous pouvons sans souci d'économie d'énergie laisser allumé le feu de mât toute la nuit, et confier la direction du bateau à Mishima.
Mishima, c'est le pilote automatique, qui tient la barre, maintenant hydraulique. Solitaire et obstiné comme son parrain, il travaille sans discontinuer, que la mer soit calme ou agitée comme nous avons pu le tester... De temps en temps, un petit faux contact le fait protester, et il nous envoie des messages sibyllins, mais grâce à lui, la vie à bord est transformée.
Et au mouillage, lorsque Carmen est au repos, la Castafiore, ou rossignol milanais, bref, l'éolienne prend le relais et tourne joyeusement pour que nos batteries restent chargées, et que l'on puisse continuer à écouter de la musique, ou bouquiner tranquillement à la lueur d'une veilleuse...