Arrivée aux Canaries ensoleillées à l'issue d'une navigation paisible
Vigo
L'arrivée à Vigo fut un rêve, au tout petit matin (4h), après une traversée du Golfe de Gascogne un peu agitée, une dernière nuit blanche à affaler la misaine, à prendre des tours dans le génois, et à constater les premières avaries : la ferrure du tangon sur le mât est en train de lâcher, le tangon est tordu, le winch de tribord empaté car il manque une pièce de blocage, le grand bocal en verre où sont tous les couverts s'est fracassé dans le carré...
Alors, dans la ria de Vigo, à l'approche des îles Cíes, quand le vent est tombé, quand les dauphins jouent dans l'étrave, quand le bateau glisse doucement sur l'eau, on oublie tout ça en dégustant un petit verre du Calvados offert par Patrick et Brigitte. Vers 6h du matin, Ilboued est amarré à quai, et c'est le moment de s'allonger sur sa couchette à volupté certaine pour une grasse matinée mémorable.
Seulement, nous sommes arrivés le 15 août, jour de fête s'il en est en Espagne. Alors, vers 10 heures, ce fut le réveil en fanfare, hauts-parleurs dans le port, musique et animation pour une compétition de natation. Un peu vaseux, il faut bien le dire, nous nous sommes levés, puisque réveillés, et sommes partis prendre une petite douche. Puis après l'apéro et une bonne salade, une petite sieste fut la bienvenue...
Et c'est seulement vers 18 heures qu'ayant retrouvé un peu d'énergie, Bruno a redressé le tangon et Brigitte a remis un peu d'ordre dans le bateau pendant que nos équipiers partaient à la recherche de pain et de tomates. Nous sommes repartis le lendemain matin et n'aurons vu de Vigo qu'un petit bout de quai.
Porto
Porto, c'était une étape connue pour nous, c'était notre petit coin le long de la Ribeira sous des maisons colorées aux balcons en fer forgé dégoulinant de linge mis à sécher, c'était des visites familiales, attendues et chaleureuses (Annick et Dominique venus spécialement en camping-car, Philippe et Christine en plein déménagement de Porto au Havre), c'était notre stock de Porto à constituer, c'était un contrat inattendu pour Bruno, et quelques jours de travail à assurer, c'était encore du bricolage sur Ilboued (détartrer les WC qui commençaient à fuir et nettoyer les fonds)...
C'était tout ça, mais Porto, ce fut aussi la quête laborieuse d'un filtre à gas-oil du modèle adéquat pour le bon fonctionnement du moteur. Alors, tant pis pour la plage, nous avons visité le moindre petit magasin de pièces automobiles qui se trouvait sur notre route. Les Portugais sont des gens adorables, qui se mettent en quatre pour rendre service, renseigner, dépanner, mais dont l'efficacité n'est pas toujours la première priorité. D'une adresse à l'autre, au bout d'une bonne dizaine de boutiques, après avoir arpenté toutes les ruelles de la ville, nous avons fini par trouver nos filtres et bouteilles de buta-gaz !
Et Porto, ce fut aussi des rencontres, des copains, d'autres bateaux, des histoires partagées et des futurs rendez-vous.
Aveiro
L'entrée dans la ria d'Aveiro se fait par une passe assez étroite, et il faut calculer son heure d'arrivée pour éviter la barre qui peut s'y former. Nous sommes passés sans problèmes. Dans la lagune, c'est un paysage de bancs de sable, de marais salants, d'installations portuaires, un dédale de bras de rivière, une flottille de petites barques de pêche. Le vent s'est levé, assez fort, et nous avons suivi le chenal à bonne allure, bientôt poursuivis par un zodiac et 2 douaniers qui se sont mis à couple, et sont montés périlleusement à bord (Ilboued avançait toujours assez vite, au portant) pour remplir quelques papiers et nous faire comprendre qu'il n'y avait pas de place au port pour nous à Aveiro.
Mais têtus comme nous savons l'être, et après les avoir remerciés, nous avons continué quand même et sommes arrivés à une sorte d'écluse large comme Ilboued plus deux centimètres que nous avons passée sans savoir comment. Un pont barrait la suite du chenal devant nous, et nous avons réussi in extremis à faire demi-tour, avec le vent, le fardage, et le courant, ce ne fut pas si évident. Il a fallu ensuite mouiller l'arrière du bateau en catastrophe et s'amarrer à un pieu pour qu'Ilboued soit en place pour la nuit. Nous étions à côté d'un échangeur d'autoroute... mais assez près de la ville pour aller y faire un tour. Finalement, à part quelques frontons de maisons un peu originaux et de jolies barques de pêche, il n'y avait rien de bien terrible.
Et le lendemain, dans un brouillard à couper au couteau, il a fallu retrouver le chemin de la sortie... Barques fantômes surgies de nulle part, cornes de brume, c'était assez fantasmagorique... Et le plus étrange, c'est qu'à 5 miles de la côte, nous nous sommes retrouvés au soleil sous un ciel tout bleu. C'est un coin magique !
Lisbonne
L'arrivée s'est faite sous un soleil de plomb et une chaleur torride, et la première opération a été d'installer les tentes qui nous permettent d'avoir un peu d'ombre. Lisbonne, ce sont des taxis fous dans la ville, c'est la coque d'Ilboued poncée, grattée, décapée et repeinte... c'est un dédale de petites rues, escaliers, ruelles, balcons en fer forgé, linge pendant aux fenêtres, c'est un petit port de plaisance, un peu sale, avec des méduses flottant entre deux eaux, c'est du bricolage encore, poncer les pieds de la table de pont qui rouillent (merci David), réparer le pic de misaine, refaire une nouvelle pièce pour le winch, coudre des mouches-tiques, c'est la quête d'une pédale de vélo pour remplacer celle qui nous a lâché dans les côtes de la ville, ce sont des essais de liaisons radio BLU, des essais pour recevoir des cartes météo 1 par fax sur l'ordinateur de bord, c'est le grand nettoyage de la soute à eau...
Lisbonne, ce fut donc une escale bricolage et carénage principalement, et nous en gardons quelques cheveux bleus en souvenir, mais ce fut surtout les adieux à nos équipiers de l'été, et un nouveau départ.
Porto Santo
Que fait donc un navigateur hauturier lorsqu'il arrive dans une petite île ensoleillée, aux plages de sable blanc bordées de cocotiers, dont l'eau d'un bleu turquoise n'est qu'une invitation aux longues baignades après des jours et des nuits de grand large, de vent sifflant dans les haubans, de nuits étoilées et de mer à perte de vue ? Il s'enferme bien sûr dans le carré de son bateau et prépare le dessin qu'il peindra sur le mur du quai et qui s'ajoutera à la fresque colorée signée par tous les bateaux qui sont passés ici. C'est pourquoi on voit le long de ce quai les navigateurs accroupis ou assis en tailleur, le pinceau à la main, passer des heures le nez collé au mur s'appliquer à fignoler leur œuvre.
Nous n'avons pas fait exception, et Bruno a maquetté à l'ordinateur, préparé un pochoir, essayé le rouleau, la peinture en bombe, le pinceau, et réalisé une œuvre d'art qui immortalise notre passage ! Porto Santo, c'est aussi un petit bourg sympa, des grandes baignades dans une eau délicieuse, du temps à ne rien faire, le vrai début de notre grande flânerie...
Madère
Madère, c'est une île jardin, des falaises plongeant dans l'océan, des petits villages, des maisons blanches aux toits pointus de tuiles rouges blotties sur les pentes, des jardins fleuris, des milliers de petites terrasses accrochées aux pentes des montagnes, des mosaïques de champs, des fruits tropicaux, et des fleurs partout.... C'est superbe !
Mais Madère, ça restera pour nous le souvenir d'un roulis incessant, une séance d'abdominaux mémorable. Le petit port de Funchal étant plein comme un œuf, nous avons mouillé dans l'avant-port, ouvert sur la houle du large et agité par les sillages des paquebots et cargos de passage. Alors Ilboued s'en est donné à cœur joie, et a passé cinq jours à rouler, tanguer, taper dans le clapot, et nous, nous avons passé cinq jours à caler les mille petites choses à bord qui s'entrechoquent, roulent, cognent, à observer la ligne d'horizon et la plage monter, disparaître et réapparaître par les hublots, et à nous balancer d'un pied sur l'autre.....
Lanzarote
Une plaine d'apparence lunaire piquetée de plus de 300 volcans, un parc national de la désolation, disent les guides... Que sommes-nous donc venus faire à Naos ? Et bien... bricoler, bien sûr ! Il a suffi d'un bout de planche traînant sur le quai pour que Bruno se lance dans la réalisation d'une table de pont somptueuse, pour que l'on puisse y festoyer à huit sans problèmes. Sciage, ponçage, enduit, rebelote avec un bout de contreplaqué, le bateau résonne du matin au soir d'un joyeux bruit d'atelier...
Et dans la foulée, soudures, révision du circuit électrique, fabrication d'une boîte à cassettes, lessives, nous faisons preuve d'une telle activité que nos voisins nous conseillent gentiment "take your time and enjoy". Car Naos, c'est avant tout un ponton village, très cosmopolite, un rassemblement de bateaux du voyage, en provenance et en partance de tous les coins du monde, un échange de bonnes adresses, d'outils, de conseils, d'histoires...
Et comme il faut bien un point de ralliement, c'est le pont d'Ilboued qui sert de bar pour l'apéro, de salle de concert pour les soirées musicales improvisées, avec piano, violon, flûte, guitares et chansons, et de dancing pour tous les copains fêtards présents...