Après avoir quitté le ponton de Naos, nous avons continué de flâner dans les Canaries ensoleillées...
Des journées de navigation tranquille entre les îles, quelques dorades coryphènes au bout de la ligne de traîne, les premiers poissons volants ont alterné avec des arrêts qui se décidaient au gré du vent et de nos humeurs. Les escales furent en partie alimentaires, puisqu'il fallait bien regarnir les soutes avant la traversée, et nous avons bien profité de la détaxe locale...
Il y eut encore beaucoup de bricolage sur Ilboued : il fallait bien sûr finir la splendide table de pont commencée à Naos, mais aussi vérifier le circuit électrique, l’assèchement de la cale moteur, les ridoirs, refaire un peu de vernis, rajouter quelques étagères dans la cuisine et tant d'autres petites choses encore...
Mais surtout, ces escales furent placées sous le signe des copains. Bien qu'il y ait pas mal de bateaux se préparant au grand départ en transit dans toutes ces îles, nous commencions à avoir notre petit réseau, à revoir des bateaux déjà croisés auparavant, les Belges de Pont-Aven, Bob de Porto Santo, Luciano de Naos... Et les copains des copains devenant des copains, nous avons passé de bons moments de retrouvailles, de rires, de discussions, et le livre d'or d'Ilboued commence déjà à être bien rempli...
Quant aux îles, aux paysages, comment pourrait-on raconter le sommet lunaire du Teide, les champs de lave, les déserts de poussière, les routes tortueuses et défoncées de Tenerife, les barrancos oasis cultivés en terrasses entaillant les collines pelées de La Gomera...? Ce n'était pas encore les lagons bleus bordés de cocotiers, nous étions encore aux portes de chez nous, mais déjà dépaysés, avec déjà un plein de souvenirs, de lumières, de couleurs, l'ambiance espagnole et chaleureuse de tous ces coins où nous nous sommes arrêtés, un petit bar à Guinness découvert par hasard, un supposé patron pêcheur qui nous avait pris en affection et venait boire son petit café à bord tous les jours, les plongées sous le bateau, les baignades derrière la jetée de la Darsena Pesquera, les dernières balades en vélo (qui nous fut volé à Las Palmas), le plaisir du courrier qui nous attend en poste restante, les fauteuils de pont, le cousin du lièvre posé par Juan Carlos, les mouillages ventés, un orteil écrasé, les Bidochons (surnom pas très charitable que nous avions trouvé pour l'équipage d'un bateau voisin qui nous a fait beaucoup rire), et "Auprès de ma Blonde" joué à l'harmonica en guise d'adieu par un copain allemand et solitaire venu passer une soirée à bord...
On ne peut pas tout vous raconter ! Christophe Colomb est parti de l'île de La Gomera un beau jour de 1492, nous en sommes partis le 23 octobre 1994 pour les îles du Cap Vert...
 
					
					 
					 
					 
				 
					