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Guadeloupe - Panama: Bonne BriseAA

posté les 09/03/1995 par Bruno vue(s)378

Guadeloupe - Panama: Bonne Brise

TOUR DU MONDE

posté le 09/03/1995 par Bruno vue(s)378

Nous sommes partis de Pointe à Pitre avec belle mer et bon vent, après le tipunch(*) d'adieux avec nos amis venus larguer nos amarres à la marina. Tout était en ordre, le plein d'eau, le plein de gasoil, un nouveau spi, un nouveau balcon arrière, une coque étincelante, carénée et repeinte, toutes nos aussières et écoutes épissurées et surliées (pas un bout n'avait échappé à l'oeil vigilant de Victor, notre voilier préféré)... Les soutes étaient pleines à craquer, et nous aurions pu (nous pourrions encore) faire office de représentants de Leader Price, un des seuls endroits de Guadeloupe où les prix nous ont semblé abordables pour refaire un plein avant le Pacifique... Les alizés étaient présents au rendez-vous, d'abord gentils et doux, puis de plus en plus costauds au fur et à mesure que nous avançions dans la mer des Caraïbes... Le spi a du être affalé un peu précipitamment au bout de deux jours, car il s'était pris dans le bout-dehors. C'est sans doute de la faute de Maeva (2 ans), qui s'est endormie à bord pendant la fête, la dernière nuit de notre escale en serrant bien tendrement contre elle son grandes oreilles en peluche... Puis nous avons affalé la misaine, puis pris un ris, quelques tours dans le génois, un deuxième ris, encore des tours dans le génois, puis affalé carrément l'artimon et navigué en fuite, avec un petit bout de voile à l'avant. Nous avançions toujours aussi vite, c'est là que nous avons battu nos records de vitesse et de moyenne, Ilboued surfait sur les vagues, la mer était impressionnante et le spectacle grandiose! Avec des creux de deux ou trois mètres, les vagues nous arrivaient par l'arrière en déferlant en marmites d'écume, les crêtes étaient vertes, le ciel était d'un bleu limpide. Le seul inconvénient de ce trop grand beau temps, et de cette trop grosse mer, c'est que nous n'avons pas fait grand chose, à part regarder, veiller, lire, dormir et pêcher (deux thons). A l'abri de la côte Colombienne, la mer s'est calmée très rapidement, nous avons commencé à voir quelques cargos, mais assez peu, cinq ou six, alors que la veille était de rigueur à l'approche du canal. Finalement, après huit jours de mer passés à toute vitesse nous sommes arrivés à Colon! Tout d'un coup, des dizaines de bateaux étaient devant nous, avançant au ralenti ou mouillés en attendant leur tour pour passer le canal, des vedettes et des navettes sillonnaient la mer. Colon, c'était Panama, un but atteint, une porte sur le Pacifique, un nouveau départ....mais c'est aussi une ville très sale et colorée, un trafic infernal d'énormes camions et d'autobus bariolés, des trottoirs bondés et très cosmopolites, mais on ne voit pas un blanc, des petites ruelles coupe-gorge, des terrains vagues cloturés de barbelés, des odeurs de poubelles dans la rue, une impression assez sordide.... il paraît d'ailleurs que c'est la ville la plus dangereuse du monde d'après les américains! Certes, la marina est un petit havre accueillant, on y rencontre des navigateurs de tous les horizons, des personnalités attachantes, des gens simples qui chacun vivent des aventures extraordinaires. Il y a aussi une bande de routards-zonards, voire pique-assiette, qui se louent comme équipiers sur les bateaux qui veulent changer d'océan. Tout ce petit monde se retrouve au bar, on y parle de bateaux, de voyages, et on refait le monde en anglais, espagnol, français, allemand et autre créole, des enfants jouent et courent sur les pontons, la radio-cocotiers fonctionne à fond sur le canal 72 de la VHF pour les petites annonces, fond de pot de peinture à vendre et excursions en ville.... Mais nous sommes restés bloqués 11 jours dans cette merveille de petit paradis touristique en attendant le bon-vouloir des autorités pour pouvoir enfin arriver dans le Pacifique, et le charme caché de Colon-Cristobal nous a quelque peu échappé...