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ESCALES Antilles, Panama et GalapagosAA

posté les 01/03/1995 par Bruno vue(s)575

Plage de Guadeloupe

Plage de Guadeloupe

ESCALES Antilles, Panama et Galapagos

TOUR DU MONDE

posté le 01/03/1995 par Bruno vue(s)575

Au vent et sous le vent des îles... Finalement, nous aurons passé presque trois mois aux Antilles, mais sans y visiter énormément de choses... Sur Ilboued, les visiteurs ont succédé aux visiteurs. Et le point de ralliement général (ou presque) étant Pointe-à-Pitre, nous avons fait et refait un peu toujours les mêmes circuits avec nos amis. Mais ce fut à chaque fois différent, et ce n'était quand même pas vraiment ennuyeux! Comme d'habitude aussi, en restant dans le milieu bateau, nous n'avons pas non plus bien connu les antillais, mais juste pu avoir un aperçu du côté décontracté et nonchalant avec lequel ils prennent toute chose. C'est pani pwoblem et sakai, c'est un peu folklorique parfois, mais bien moins stressant que notre rationalisme de métropolitain. Des Antilles nous gardons une impression mitigée... C'est bien sûr une bouffée d'odeurs d'épices, des marchés colorés, des fruits exotiques, des doudous en madras, des fleurs extraordinaires, des volcans, des forêts tropicales, des chutes d'eau perdues dans les fougères arborescentes, des champs de canne à sucre et de bananiers, des lagons sous les barrières de corail, des plages de sable blanc frangées de cocotiers, des couleurs de mer qui varient du bleu turquoise à l'outremer... Il y a des coqs qui s'égosillent à toute heure du jour et de la nuit, des vaches coiffées de leur oiseau pique-boeuf qui broutent le long des routes, des chiens qui aboient, des grenouilles minuscules qui sifflent dès le coucher du soleil, des nonos qui viennent sans pitié vous dévorer les chevilles... On traverse les rues sans se presser, les autobus bondés dans lesquels la radio hurle le zouk s'arrêtent devant la poste ou la boulangerie pour que les passagers achètent leurs timbres ou leur baguette... La moindre démarche administrative demande une dose de patience conséquente aux pauvres métros pressés que nous sommes. Mais il y a aussi le coût de la vie qui est d'au moins 50% plus élevé que ce dont nous avons l'habitude, des baraques en tôle ondulée dans tous les coins, des banlieues bétonnées et des quartiers bidonvilles où il ne fait pas bon se promener le soir, un trafic automobile infernal, et pas mal de délinquance et d'agressivité.... Côté navigation, c'est toujours pareil, du vent entre les îles, et au vent des îles, et pas de vent sous le vent des îles. Des trois mois que nous y avons passé, il nous reste tant de souvenirs, le plaisir des visites de nos amis, des retrouvailles avec les bateaux copains rencontrés avant, le soleil, la musique, la mer, la plongée, les petits déjeuners en écoutant "rien à cirer", le tipunch(*) qui coule à flot.... et quelques aventures dans les îles. Aux Saintes Caroline et le lamantin à bouteille de rhum(**)... En 1822, la frégate La Néréide mouilla en rade de Terre-de-Haut: à son bord, le chevalier de Fréminville qui servait comme officier et qui s'adonnait à l'histoire naturelle. Il fut un jour pris par les lames, déchiré par les coraux et rejeté inanimé sur le rivage, dans la baie du Marigot. Ramené dans l'habitation de Madame C., il fut alors entouré des soins vigilants de la jeune soeur de celle-ci, Caroline. Une passion partagée naquit entre les deux êtres. Puis Fréminville dut repartir. Lorsqu'il put enfin débarquer à nouveau sur l'île, il apprit la funeste nouvelle: Caroline, croyant qu'elle ne le reverrait jamais, s'était jetée dans la baie du Marigot, à l'endroit précis où lui-même avait failli périr. (extrait du guide Gallimard sur la Guadeloupe).... Il se trouve que le chevalier est le 3AR-GO de Bruno (Arrière-Arrière-Arrière Grand Oncle). La légende familiale complète l'histoire publique, puisqu'il paraît que le chevalier, désespéré de la disparition de son aimée est rentré en France avec les vêtements de celle-ci, et s'habillait certains soirs en femme avec nostalgie. Nos escales aux Saintes furent une quête de la tombe de Caroline et des endroits où se rencontraient les amants malheureux. L'enquête n'a pas complétement abouti, mais a donné encore un peu plus de charme à ces petites îles déjà si attachantes.... Et puis, c'est aux Saintes que nous avons vu un jour arriver à bord un lamantin très spécial (lamantin: mammifère herbivore de l'ordre des siréniens, et surnom que nous donnions à certains nageurs qui s'ébattaient autour d'Ilboued). Venu de la plage à la nage, il nous a salué d'un "bonjour les Bretons" chaleureux, est monté à bord et a sorti de son maillot de bain une bouteille de rhum(**) vieux. Ensuite il est tombé dans les bras de Victor, un ami commun de passage qu'il ne savait pas avec nous, et s'est enfin présenté comme étant notre assureur!!! Il avait reconnu le bateau d'après les photos de son dossier, et venait nous rendre une petite visite amicale. Ce fut une journée mémorable, et depuis, nous jamais revu de lamantin à bouteille de rhum(**)... Les clés de la Dominique La Dominique, c'est une des îles les plus sauvages des Antilles. Volcanique et montagneuse, elle abrite une réserve pour les derniers indiens caraïbes de la région. Comme dans tous les endroits assez pauvres qui s'ouvrent au tourisme, le moindre visiteur est assailli dès son arrivée par tous les jeunes du coin qui viennent proposer leurs services. Et puisque nous arrivions en bateau, c'est en bateau que Hamilton est venu nous vendre des avocats et des pamplemousses, Macaroni s'offrir comme guide pour remonter la rivière indienne, et John pour garder le bateau... alors que nous étions encore à 2 milles du mouillage! Nous n'avons passé que 2 jours à Portsmouth, le temps de louer une voiture pour faire un tour, et avoir un tout petit aperçu des paysages sauvages, des petits villages aux maisons sur pilotis, échanger des grands bonjours avec les passagers des "pick-up" surchargés croisés sur la route, et nous doucher sous les cascades chaude et froide des chutes de Trafalgar (en nous faisant là encore harceler par une dizaine de guides "bénévoles", mais un peu insistants...). Et comme beaucoup de ces endroits assez pauvres, la Dominique a une réputation qui n'est pas excellente quant à la sécurité et le vol. Pour ne pas tenter le diable le jour de notre excursion, nous avions fermé Ilboued à double tour, avons débarqué à terre en annexe, cadenassé l'annexe par une chaîne au ponton, et également cadenassé le moteur sur l'annexe. Le soir, en rentrant de notre balade, nous nous sommes fait héler par une bande de gamins alors que nous ramenions la voiture chez le loueur. C'est là que nous nous sommes rendu compte que nous avions tout simplement oublié le trousseau des clés de nos cadenas sur le ponton... Les gamins les avaient ramassées, et par un coup de chance incroyable nous ont vu revenir le soir... à moins qu'ils n'aient fait le guet toute la journée! Nous les avons beaucoup remerciés, sans eux, nous aurions pu avoir l'air très très ridicule... Martinique plongée et copains Ilboued était apparemment attendu en Martinique! A peine étions nous mouillé à l'anse Mitan que des copains venaient nous saluer en annexe, et nous donner des nouvelles de Cyan, d'Ysé et des autres qui s'inquiétaient de nous.... Cette escale fut vraiment celle des retrouvailles avec la plupart de nos amis navigateurs rencontrés auparavant, des journées de plongée et des soirées de rires et d'histoires. La plongée, c'est un superbe cadeau de Michel qui a prêté son matériel, et initié Bruno à la découverte des fonds sous-marins. Faute de palmes, Brigitte ne pouvait les accompagner très profondément, mais il suffisait de mettre la tête sous l'eau pour se retrouver dans un aquarium. Lionel, qui était avec nous à ce moment là, a aussi bien profité de ce stage qui prolongeait les cours de plongée en piscine auxquels il est inscrit à Paris. Simplement, il lui manquait le carrelage dans le fond pour pouvoir se repérer.... Tous les soirs, nous nous retrouvions à bord de l'un ou l'autre des bateaux, et c'étaient mille histoires et anecdoctes qui se renouvelaient à la veillée. Alain nous racontait comment, excédé par les remarques et questions des badauds sur son petit trimaran de 10 mètres, il annonçait très sérieusement des moyennes de 20 noeuds pour la traversée en expliquant qu'il utilisait un des prototypes mis au point par Tabarly.... Gérard, notre copain restaurateur parisien à bord pour la semaine nous a tous pris de court un soir en proposant des nouilles au beurre (avec peut-être un peu de fromage) comme menu pour le diner alors que nous avions bâti un scénario pour lui faire préparer un des plats dont il a le secret... Il y a eu des délires sur le cataQ de croisière que nous pourrions skipper au large des Grenadines, les heures passées à chercher dans le dictionnaire les définitions de certains mots comme travail, boulot ou rentable, etc.... La Martinique, ce fut une semaine de rires et d'amitié. Balades autour de Basse-Terre Notre quartier général et le point de rendez-vous privilégié avec tous nos visiteurs, ce fut quand même la Guadeloupe. Ilboued avait même son ponton privé dans la lagon de la marina de Bas du Fort, sous les cocotiers. C'est là qu'Annick, Dominique et leurs amies nous ont patiemment attendus pendant près de 6 heures le soir de leur arrivée, alors que nous passions tranquillement la soirée chez des copains. Nous avions tout prévu pour les accueillir le lendemain... Nos cerveaux avaient sans doute ramolli un peu, et c'est avec honte qu'il nous a fallu constater que nous n'étions plus capables de calculer correctement un décalage horaire! C'est de là que nous partions régulièrement pour aller mouiller devant le pont de la Guimbarre dans le fond de la rade de Pointe-à-Pitre. Ce pont qui est un point vital pour l'île, le seul lien entre la Grande Terre et Basse Terre n'ouvre qu'une fois par jour à 5 heures du matin pour laisser passer les quelques plaisanciers amateurs de la rivière salée qui se présentent. Il ouvre tous les jours, sauf Dimanches et fêtes, et c'est bien sûr un Dimanche que, tout le monde sur le pont, nous avons vainement attendu l'ouverture du pont (l'autre) lorsque Victor et sa famille étaient à bord. Tant pis, cette fois là, nous avons fait le tour dans l'autre sens... Une fois passé le pont, c'est la remontée de la rivière salée, la mangrove et les palétuviers. A un moment, on longe la piste de l'aéroport, et il faut baisser la tête si par hasard un avion atterrit à ce moment-là.... A la sortie de la rivière, le chenal débouche sur la mer des Caraïbes, des pélicans sont perchés sur les bouées de balisage, les couleurs de l'eau sont indescriptibles... Nous avons plongé et replongé dans les récifs de coraux, nous en approchant une fois un peu trop au goût de la police maritime qui est venue gentiment voir s'il n'y avait pas de problèmes... Ils en ont quand même profité pour faire le contrôle habituel des papiers, fusées et autre matériel du bord... Ensuite, le mouillage à Deshaies était devenu classique, tipunch(*) et parties de "trou du cul"(***), et nous repartions vers les Saintes, au moteur en longeant la côte sous le vent. Après une visite d'un jour ou deux de ces petites îles superbes, Ilboued retrouvait son ponton privé dans la marina... A la fin de notre séjour, nous étions comme chez nous tout au long de ce petit circuit autour de Basse-Terre! Mais nous avons fait et vu tant d'autres choses aussi que là encore, on ne peut pas tout raconter, le mouillage de Saint-François, sillonné de planches à voiles, scooters des mers, et autres hydravions ULM, un carénage dans des conditions idéales au chantier Lemaire (à recommander!), des balades, des baignades, Mangue et Papaye (les chiens de Stéphane et Anne-Christine qui adoraient Ilboued), une rencontre surprise avec Pascale à la poste, des soirées à l'Américano, la cuisine pleine d'arômes, colombo et accras, une dernière soirée d'adieux costumée, et surtout tous nos copains devenus des amis... Bretagne équatoriale Nous devions nous y arrêter aux Galapagos! C'était un mythe, une référence, un rêve d'enfant... Et aussi, c'est la dernière escale possible avant les trente jours de mer qui nous séparent de la prochaine terre. Nous avons finalement embarqué Ludovic à Panama, en balade entre études et vie professionnelle, qui cherchait une bateau pour arriver aux Marquises. Nous sommes tombés sur un équipier discret et actif, dont la présence change un peu la petite routine du bord... La seule surprise qui nous attendait, c'est que malgré ses 50kg tout mouillé, il mange comme quatre, et il a fallu doubler les rations des repas à bord. Alors, Galapagos et courses encore, c'est aussi un moyen de voir du pays.... L'arrivée sur une île après huit jours de mer, ou plus, est toujours un peu magique... et quand la silhouette de San Cristobal s'est découpée sur l'horizon, dans la lumière très pure de la matinée, une baleine est venue souffler près d'Ilboued pour nous saluer... Dans la soirée, nous avions à peine mouillé à Wreckbay, deuxième localité de l'archipel, que, comme il fallait s'y attendre, deux policiers sont venus à bord en insistant pour que nous descendions à terre sur le champ régulariser notre situation. Après quelques discussions et cannettes de bière, nous avons pu transiger au lendemain pour aller payer les 75$ qui nous donnent le droit de rester entre une heure et trois jours au mouillage, et de faire quelques courses. Par contre, pour aller ailleurs, il faudrait utiliser les circuits officiels, bateaux charter et compagnie, et bien sûr payer encore... L'eau est froide ici, le courant de Humbolt fait son effet, et chaque bain nous rend nostalgiques de notre Bretagne lointaine. Par contre, cela semble plaire aux phoques qui batifolent autour d'Ilboued, et se font des calins en aboyant, juchés sur les bateaux de pêche voisins. Les pélicans et les frégates tournoient au-dessus, et plongent avec des gerbes d'écume dans cette eau si fraîche. On ne trouve pas grand chose dans la petite ville, quelques épiceries bazar, très peu de fruits et légumes, pas de viande... Mais nous avons complété notre stock d'hameçons pour pouvoir survivre! Et le sourire des gamins est si beau ici que ça valait vraiment la peine de s'arrêter. * tipunch: boisson locale rafraichissante dont la recette est la suivante: un filet de sirop de canne, un zeste de citron vert, un glacon et deux doigts de rhum ** rhum: EAU de vie de canne à sucre *** règle du jeu du trou du cul: se joue à 4 joueurs minimum, 5 ou 6 conseillé, avec un jeu de tarot duquel on enlève tous les atouts sauf le petit et le 21. L'ordre des cartes est: 21, petit, 2, as, roi, dame, cavalier, valet, 10, 9..... On tire au sort qui sera le président, le vice-président, (les deux plus fortes cartes) et le trou du cul et le chef trou du cul (les deux plus faibles cartes), les autres sont des employés. Chaque rôle a une place attribuée, normalement le président dans un fauteuil, et le trou du cul sur un tabouret... C'est le trou du cul qui distribue les cartes (toutes), en commençant par le président. Le trou du cul doit donner ses deux meilleures cartes au président qui lui donne ses deux plus mauvaises, et le chef trou du cul donne sa meilleure carte au vice-président qui lui donne sa moins bonne. Le but du jeu est de se débarrasser de ses cartes le premier. Le trou du cul commence, met sur la table, une carte, une paire, 3 ou même 4 cartes pareilles. Le suivant, chef trou du cul, doit mettre la même chose ou monter, avec le même nombre de cartes demandées (si le trou du cul pose une paire de 6, le suivant peut mettre une paire de 6, ou de 7 ou de rois, etc... si c'est un 8 de demandé, il faut monter avec une seule carte...). Le 2 sert de joker. On ne peut évidemment pas faire de paires ni avec le 21, ni avec le petit. Lorsque plus personne ne peut monter, c'est au trou du cul de ramasser les cartes sur la table, et le dernier qui a posé des cartes a alors la main. Le joueur qui s'est débarrassé le premier de toutes ses cartes devient président, le suivant vice-président... le dernier est trou du cul. Chacun va alors s'asseoir à sa place attribuée.