';
Menu de connexion

Des heures, des jours, des nuits en mer, être cantonné à un espace vitalAA

posté les 28/09/1994 par Bruno vue(s)368

Des heures, des jours, des nuits en mer, être cantonné à un espace vital

TOUR DU MONDE

posté le 28/09/1994 par Bruno vue(s)368

Des heures, des jours, des nuits en mer, être cantonné à un espace vital somme toute assez limité, manquer d'activités variées, subir les caprices de la météo. du vent, de la mer, vivre un tête à tête un peu restreint, qu'est-ce qu'on doit vite en avoir marre, qu'est-ce qu'on peut bien donc faire toute la journée? nous demandaient ceux qui sont restés à terre... Eh bien, non, on ne s'ennuie pas. La mer d'abord n'est jamais la même, au lever du soleil, au clair de lune, mer d'huile ou vagues frangées d'écume, c'est un spectacle permanent, et toujours renouvelé! Dans cette première étape, nous avons plutôt profité de la catégorie mer agitée et moutonneuse, houleuse, vagues déferlantes par le travers et paquets d'écume sur le pont. Ce n'était quand même pas vraiment confortable... Mais grâce à Ilboued, ce fut tout à fait supportable. Le vent quant à lui s'est montré assez régulier depuis le départ, N ou NE, force entre 5 et 7, nous obligeant à prendre des ris dans l'artimon, des tours dans le génois, à affaler la misaine par moments, mais nous avons toujours navigué au portant, et à bonne allure. Et entre temps, il nous restait quand même plein de temps. Du temps pour régler les voiles, pour s'occuper de la navigation, faire le point et vérifier le cap. Avec un GPS, ce n'est même pas la peine d'en parler. Mais nous avons aussi fait quelques tentatives de positionnement au sextant... qu'il faudra encore améliorer. Du temps pour étudier les instructions nautiques des endroits où nous allions, les feux à repérer, les courants, les bancs de roche à contourner, les coins à visiter, les plages à ne pas manquer... Du temps pour bricoler, ranger, pêcher, cuisiner, lire, coudre, écouter de la musique, écrire et aussi ne rien faire. En fait, quand la mer est bien formée, et que des vagues de travers secouent en permanence le bateau, comme ce fut le cas, on se sent plutôt un peu somnolent, la vie se passe au ralenti, chaque chose à faire, hormis ce qui concerne le réglage des voiles et la navigation, demande un effort non négligeable, et l'on reste des heures à contempler la mer. Et puis l'escale approche, et c'est soudain l'agitation, il faut repérer les feux et le chenal, démarrer le moteur en respectant les huit étapes de la mise en marche (vérifier les vannes, les niveaux d'huile, se mettre sur la batterie n°2, démarrer, allumer le ventilo, remettre sur batterie n°1, vérifier le bon refroidissement et basculer le commutateur de charge des batteries) affaler et ferler les voiles, sortir les pare-battages, préparer des bouts et le mouillage avec l'orin, etc... Et sans bien réaliser, on se retrouve tout d'un coup amarré à un quai, ou mouillé dans une baie, le moteur est arrêté, le bateau ne bouge plus, on sait qu'il y a là des nouveaux copains, des merveilles à visiter, mais on est déjà un peu tristes d'être si vite arrivés...