Des cargos de 10 000 tonnes, des chalutiers et des voiliers taillés pour la vitesse... Des bateaux sont nés par dizaines sous le crayon de Dominique Paulet. L'architecte naval lorientais a résumé 40 années d'expérience dans un ouvrage qu'il cosigne avec Dominique Presles, un autre homme de l'art (1).

" Le livre s'adresse aux étudiants en architecture navale et aux constructeurs amateurs. Il leur évite de foncer dans le brouillard et de commettre des erreurs ", explique Dominique Paulet. Diplômé de l'École centrale de Nantes, il démarre sa carrière en 1953 au chantier de Normandie à Rouen. " J'avais à peine plus de 20 ans, précise-t-il. A l'époque, les ingénieurs étaient peu nombreux. J'ai été bombardé responsable de projets ".
Le trimaran de Tabarly

Il dessine des grands cargos et des ferries. " On a également livré une bonne vingtaine de chalutiers de grande pêche pour Fécamp. Ces unités de 70 mètres pêchaient par le côté et ramenaient la morue salée de Terre Neuve ".

Il débarque à Lorient en 1960 au chantier de La Perrière. " A l'époque il employait 400 salariés. J'ai participé à la conception du Cézembre, le premier pêche arrière avec un portique fixe ".

L'entreprise a plusieurs cordes à son arc. Elle fabrique des formules 1 des mers à côté des chalutiers râblés. " Nous avons construit trois bateaux pour Éric Tabarly, explique l'architecte naval. J'ai orchestré le projet du Pen-Duick IV. C'était le premier grand trimaran en aluminium ".

1970. Dominique Paulet rentre chez Dubigeon Normandie à Rouen. " On a lancé des navires off shore, des dragues et toutes sortes de bateaux très compliqués ". Dubigeon ferme ses portes. L'architecte naval fait un petit détour par l'arsenal de Lorient. Finalement, il crée son propre cabinet. " Nous avons été jusqu'à 9 à la belle époque de la pêche. En 1993, j'ai vendu la société au moment de partir en retraite ".

Aujourd'hui, il veut partager ses connaissances . " J'ai rencontré Dominique Presles, un architecte naval autodidacte devenu professeur à l'école d'architecture de Paris La Villette, précise-t-il. Moi-même, je donnais des cours à l'école centrale de Nantes. Nous avons eu l'idée de faire un livre en commun. Il donne en quelque sorte un " état de l'art " en cette fin de millénaire ".

Malgré les incontournables formules géométriques et mathématiques, le livre est intéressant même pour un lecteur néophyte. " La première partie est plutôt descriptive, souligne l'auteur. Nous l'avons illustrée avec des plans et des photos. La seconde moitié est plus opérationnelle. On rentre dans le domaine des calculs". L'ouvrage deviendra vite indispensable pour les constructeurs amateurs. Il permet de résoudre sans se faire des noeuds dans la tête les problèmes de solidité, de stabilité, de flottabilité et de vitesse. Bref, de faire un bon bateau qui ne coulera pas à la première risée.

Jean-Paul LOUÉDOC.